Visiter la Camargue est une expérience unique pour les amoureux de la nature et des grands espaces. Nous vous proposons de découvrir la Camargue du sud à vélo, en voiture ou à pieds. Le delta du Rhône, entre Salin de Giraud et les Saintes Maries de la mer est un réservoir exceptionnel et unique de biodiversité en France. Nous sommes sur le territoire historique de l’exploitation du sel, avec ses marais salants et ses flamands roses.
Vous pouvez retrouver »les roulettes » à vélo en Camargue sur la digue à la mer :
Cette fois ci, nous partons en Camargue. Ce « circuit du sel et des flamands roses » porte bien son nom. Il va de Salin de Giraud, petit village insolite, à la digue à la mer et à Beauduc. Visiter la Camargue représente une occasion unique d’approcher la vie sauvage. La Camargue de par sa situation sur le Delta du Rhône est le paradis des oiseaux. Elle compte environ 350 espèces d’oiseaux sédentaires (c’est un lieu d’hivernage) ou migrateurs. A ce titre, c’est une zone d’importance internationale pour la protection des oiseaux. Certes le flamant rose en est l’oiseau emblématique mais il n’est pas le seul.
Sommaire
Visiter la Camargue, une zone humide unique en France
Ce territoire s’étend sur 2 départements : les Bouches du Rhône et le Gard (on parle alors de Petite Camargue ou Camargue gardoise).
Située au bord de la méditerranée, cette région unique en France et en Europe, est formée par le delta du Rhône. C’est une zone humide, protégée par un parc naturel régional. Le nord est dominé par l’eau douce, on y cultive le riz. Le sud est sous l’influence du sel avec les marais salants de Salin de Giraud et d’Aigues Mortes. Entre nord et sud, on trouve des marais et l’étang du Vaccarès.
La Camargue n’est pas facile d’approche. Pour bien la comprendre, il faut savoir qu’un très petit nombre de propriétaires se partage depuis la nuit des temps ce territoire. De très grandes exploitations occupent la majeure partie des terres, ce qui explique son caractère fermé. Peu peuplée à l’origine, elle est devenue une vraie mosaïque de population immigrée pour les besoins de l’agriculture et de l’industrie. A Salin de Giraud, lieu d’exploitation des marais salants, on trouve les descendants de familles d’origines grecques, arméniennes, italiennes. Ces ouvriers ont fui leurs conditions de vie difficiles dans leur propre pays pour venir travailler le sel.
Les indochinois s’y sont installés, main d’œuvre qualifiée pour la culture du riz. Les espagnols et les maghrébins travaillent dans les terres. Une communauté gitane, originaire de Catalogne y est sédentarisée.
Visiter la Camargue : les marais salants de Salin de Giraud, l’or blanc de la Provence
Par une belle journée du début septembre, nous partons, vélos chargés sur notre voiture en direction du bac de Barcarin, une des plus jolies façons je trouve, d’aborder la Camargue. Ce bac relie les deux rives du Rhône entre Port Saint Louis du Rhône et Salin de Giraud. Historiquement, des barques en bois permettaient la traversée du fleuve à cet endroit. C’est en 1932 que fut instauré un bac « à traille » (avec une chaîne installée entre les deux rives, la propulsion du bac se faisant grâce au courant et à des rames). Désormais, à propulsion mécanique et largement automatisé, il transporte chaque jour des véhicules légers et des poids lourds et permet ainsi le lien entre les deux rives car à ce jour aucun projet de pont n’a abouti. A noter qu’il fonctionne jusqu’à deux heures du matin. Payant pour les véhicules à moteur, il est gratuit pour les piétons et les cyclistes.
Nous avons donc laissé notre véhicule sur le minuscule parking qui se trouve juste avant le bac (à droite avant le dernier rond-point). Le Rhône franchi, nous arrivons très rapidement à Salin de Giraud, petite commune ouvrière.
Ici et depuis l’Antiquité on exploite le sel, produit de première nécessité et monnaie d’échange avant d’être soumis à l’impôt. Le « salarium » consistait en une remise de sel en échange d’autres marchandises. Ensuite, il fut instauré un impôt sur ce produit : la Gabelle pour renflouer les caisses du roi et ceci par un artifice : le roi étant considéré comme propriétaire du sol. Le montant de cet impôt sera différent en fonction des régions. Produit d’échange par excellence, les routes du sel sont d’une importance considérable dans les communications entre différentes régions.
Pour les besoins de l’exploitation du sel et de la fabrication de la soude, le village a été créé de toutes pièces. L’habitat a été édifié sur le modèle des cités ouvrières du nord de la France. D’un côté le quartier Péchiney, Société créée par Henri Merle. De l’autre, le quartier du belge Solvay (pour la fabrication de la soude). Deux corons construits sur le modèle de la Société patronale paternaliste : le patron fournit le travail, le logement, les loisirs et tout ce qui concerne la vie des ouvriers.
- Salin de Giraud, un village insolite en Camargue
Nous sommes dans le village, le premier dimanche de septembre, juste avant la rentrée des classes et avant que les touristes de septembre n’arrivent. A 11 kms de là, en tournant à gauche à la sortie du bac, on accède à la plage d’Arles : la plage de Piemanson.
A droite en sortant du bac de Barcarin, c’est le village. C’est d’ailleurs un peu par hasard que nous sommes ici. Notre but est de nous rendre sur la plage de Piemanson. Partis sans pique-nique, nous décidons de déjeuner dans un restaurant du village. Peut être les tellines, spécialités d’ici seront elles au menu ? Comme il est tôt, nous décidons de visiter le lieu. Il y règne une atmosphère calme. Charmés par le village et le site des marais salants, finalement nous n’irons pas ce jour là sur la plage de Piemanson.
Nous partons donc faire un tour. Le petit bourg qui dépend de la commune d’Arles, a connu une activité plus importante par le passé. Véritable coron du sud, le village a été construit pour loger les travailleurs de Péchiney et de Solvay. Ces deux activités étaient complémentaires : Péchiney exploitait le marais salant et fournissait à Solvay du sel pour la fabrication de la soude pour le savon de Marseille ainsi qu’à la fabrication du verre.
Un peu au hasard, nous nous engageons sur une route. Ici, les barrières sont légions. Certaines sont fermées et vous barrent le passage. D’autres sont ouvertes et nous nous nous avançons jusqu’à un groupement de maison. Le chemin qui menait à Beauduc a été barré. Nous engageons la conversation avec une habitante. Elle nous parle de sa vie : elle d’origine espagnole et son mari « vrai camarguais » a travaillé toute sa vie dans le marais salants. Elle nous confie son inquiétude de devoir quitter Salin de Giraud qui s’est endormi suite à la restructuration du site. Ici, il reste seulement quelques ouvriers. Les jeunes partent, il n’y a plus de travail. Les logements Péchiney et Solvay sont à vendre. Le site industriel a récemment changé de main : il est désormais la propriété du groupe « Salins ». Elle évoque aussi le changement dans leurs habitudes d’accès au site de l’exploitation du sel. Nous entrons alors dans un univers inconnu de nous : celui des marais salants.
- Le cycle du sel et les flamands roses dans le marais salant
Le site industriel a connu bien des évolutions. Racheté par la Compagnie des Salins du Midi à Péchiney, et ensuite par le groupe Les Salins, il s’est fortement mécanisé. Après un plan social drastique, aujourd’hui, 50 personnes travaillent dans la saline qui représente 6000 hectares avec une production de 340 000 tonnes de sel par an. Ce sel est utilisé essentiellement pour le déneigement des routes en hiver.
Le cycle du sel : de la prise d’eau à la mer jusqu’à l’évaporation totale et la cristallisation du sel
L’eau de mer est prélevée en mer et circule dans différents bassins grâce à un système de pompage. Elle est ensuite dirigée vers les tables salantes, parcelles d’eau de mer rose nacrée grâce à la forte concentration en mollusque rose qui donne leur couleur aux flamands. Saturée en sel, l’eau va s’évaporer. La cristallisation du sel se produit et la récolte peut avoir lieu.
- Ici proche de l’endroit où la récolte se fera, l’eau avant évaporation est très concentrée en sel : ce sont les tables salantes
- Différents circuits de pompage interviennent :
Nous nous dirigeons ensuite vers ce que l’on appelle « la prise d’eau à la mer »au « Grau de la dent ». Nous sommes accompagnés par une multitude de libellules. La route est droite avec de chaque côté une eau rose nacrée qui indique la présence d’une algue microscopique, la Dunaliella salina, riche en Bêta Carotène dont sont friands les flamands et qui leur donne leur jolie couleur rose. C’est aussi un site de nidification des Sternes. Après avoir dépassé le phare de Faraman, inscrit au titre des monuments historiques, nous arrivons à la méditerranée . Une digue protège les marais tout le long. Une prise d’eau permet l’entrée de l’eau dans les marais ce qui permet d’organiser le cycle de l’eau pour la récolte du sel.
Après la baignade, nous reprenons le chemin en sens inverse. Nous allons ensuite jusqu’au point de vue du sel, à la sortie de Salin de Giraud en direction de la plage de Piemanson.
- Le Point de vue du sel, un univers rose, blanc et bleu à Salin de Giraud
Ce point de vue permet d’admirer le marais salant dans son ensemble avec au loin les camelles , véritables collines de sel.
Au sud … il y avait les Corons … de Salin de Giraud
Fuyant leurs conditions de vie misérables, les ouvriers d’origine grecque, arménienne, italienne sont venus s’installer au 19ème siècle pour travailler le sel et la soude.
Ces communautés ont laissé leur empreinte sur le village. Je vous propose une visite guidée en images :
- Tout d’abord la Mairie Annexe, bel exemple d’architecture industrielle :
Elle est installée depuis 2013 dans le Cercle Solvay entièrement rénové. On y trouve aussi l’Office du Tourisme. Je vous conseille de vous y rendre, nous y avons reçu un excellent accueil. Entre avril et fin septembre sont organisées des balades à pieds commentées pour vous faire découvrir l’histoire du village. Elles ont lieu le mercredi et le dimanche à 10 heures. Pour réserver vous pouvez appeler le 06 76 82 57 12
- L’église orthodoxe de la dormition de la Vierge :
Elle a été construite en 1952. Elle se trouve aux confins de la commune à la place d‘un baraquement où étaient parqués les indochinois, période peu glorieuse de l’histoire du village.
- Le quartier Solvay avec son avenue et ses corons :
Avec ses bâtiments en brique, il est unique dans le sud de la France. Avec des logements, un hôpital et une école, il est l’exemple d’une cité ouvrière typique du nord de la France. Le quartier Péchiney quant à lui, est plus d’inspiration gardoise. Les deux quartiers étaient séparés par une ligne de chemin de fer, aujourd’hui disparue.
- L’Eglise Catholique : la chapelle Salin
- Vestige d’une cabane de gardian à la sortie du village :
crédits photos : @desroulettessouslespieds
Voici 2 itinéraires sur les routes de la Provence : le premier pour admirer la floraison de la lavande sur le plateau de Valensole et le second pour profiter du Parc Naturel du Luberon sur la véloroute du Calavon dans le Lubéron.
Si vous avez choisi de résider à Arles, profitez de cette excursion pour aller voir les champs de Lavande à Sault (fin juin – juillet – début aout)
L’après midi se termine. Nous reprenons le bac de Barcarin. La peau tire un peu avec le soleil et le sel. Nous rentrons avec plein de belles images. Nous reviendrons pour la balade de la digue à la mer entre Salin de Giraud et les Saintes Maries de la Mer.
Et vous connaissez vous la Camargue ?
Avez vous déjà visité Salin de Giraud ?
Informations pour les voyageurs
Il est possible de partir d’Arles. Si vous arrivez de la côte Est du Rhône, prendre le Bac de Barcarin.
Location de vélo : vous trouverez ici une liste de loueur de vélo à Salin de Giraud et proximité
Voici une liste de restaurants à Salin de Giraud – nous connaissons les Saladelles, nous y avons été très bien reçu, le rapport qualité prix est correct. L’établissement fait aussi Hôtel.
Une ressource intéressante pour organiser votre séjour (balade – hébergements – cartes …) : le portail d’Arles Tourisme
Recommandation : le site des « Salins » est un site privé. Seuls les détenteurs d’une carte magnétique peuvent entrer en voiture. Les piétons peuvent visiter le site. En bicyclette, il est possible que vous vous fassiez refouler. Soyez prudents et respectueux de cet environnement.
En savoir plus sur Des roulettes sous les pieds
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C’est magnifique, j’adore l’histoire de cet endroit et les photos sont superbes. Ce mélange terre, mer et sel me passionne depuis bien longtemps.
Merci Isabelle. Nous avons été complètement séduits par cet endroit et nous sommes encore sous le charme de son atmosphère .
J’adore la Camargue et j’y ai fait beaucoup de vélo dans le temps où Beauduc était un village .. depuis nous avons aussi fait un arrêt en voiture cet été sur le chemin d’Aix mais ça me donne envie de me préparer une virée pour la prochaine année …merci pour ces belles photos
Merci pour cette belle balade entre ciel, terre et mer. nous attendons avec impatience la seconde partie jusqu’au Saintes Maries de la mer
Merci de nous faire partager ce lieu proche de chez nous et nous rappeler sa beauté et son côté sauvage. Tu me donnes envie d’ y retourner bientôt.
Merci pour cette belle balade <3
Merci pour cet article d’une région que je connais bien. Ca me fait vraiment bizarre de voir un article sur la Camargue.
Je pense qu’un jour j’y retournerai, comme je suis un peu plus grande, je pense que je me plaindrai moins des moustiques ! 🙂
J’ai appris pleins de choses grâce à ton article, merci beaucoup 🙂 En plus je ne suis jamais allée en Camargue, mais ça doit être un coin joli à voir. Pourquoi pas 🙂 Je prend note!
Merci pour ton commentaire. N’hésite pas à retourner en Camargue il y a beaucoup moins de moustique …grâce aux libellules 😉
Je vivais avant à deux pas de la Camargue c’est un endroit magnifique, si on oublie les moustique 🙂 !
Très bel article qui met bien en valeur la Camargue !
Bisous,
Bulle de citron
Merci Claire. Nous avons fait 2 jours de balade et aucun moustique. (Juste un peu en soirée) Il paraît que c’est grâce aux libellules mais je n’arrive pas à vérifier cette info .
Je reviens de cet endroit, il y a 3 semaines, c’est top top top
contente de revoir ce lieu ! Merci
Oui , nous avons eu un vrai coup de coeur . Le prochain article sera consacré à la digue à la mer .Merci pour ce commentaire. 🙂
Il y a tellement de jolis coins en France, j’ai toujours été attiré par la Camargue mais elle est mal desservie depuis ma région quand on n’a pas de voitures pour se déplacer. Ton récit et tes photos me donnent envie d’y aller même si le voyage sera très long 😊
J’espère que tu pourras quand t’y rendre pour profiter de cette belle nature sauvage. Merci de ton commentaire.